Du culte de la performance aux vertus de la robustesse
Le culte de la performance
Nous avons eu la chance d’assister récemment à une conférence d’Olivier Hamant, chantre de la robustesse, Directeur de l’Institut Michel Serre et chercheur a l’INRAE en France. Il nous livre un constat sans appel de notre planète, et par écho, de notre civilisation : il n’existe plus une goutte d’eau sur terre (sauf dans les glaces des pôles) qui ne soit contaminée de plastic. En 2023, la température des océans a chauffé dix fois plus vite qu’anticipé par les modèles; depuis 2020, tout ce que l’homme a construit pèse plus lourd que la totalité de la biomasse ; il y a 37.000 objets qui tournent autour de la terre et polluent déjà la troposphère. La perte de biodiversité, plus grande menace pour notre capacité à vivre sur terre, va affecter directement nos moyens de subsistance, l’économie et la qualité de vie des populations humaines.
Le culte de la performance
Tout cela peut être vu comme le résultat du « culte de la performance », qui a émergé de la période Taylorienne, et s’est amplifié dans les années 80 : à partir de là, le succès est mesuré à la quantité de biens accumulés et à la consommation qu’on peut se permettre. Le sportif d’élite vénéré pour ses performances se convertir en ascenseur social, le chef d’entreprise devient l’incarnation de la puissance et du leadership.
On perd la notion du collectif et du vivre ensemble au profit de l’autonomie et d’une forme d’individualisme. Le développement personnel en devient la figure de proue. La performance, sur laquelle s’appuient la démocratie et le capitalisme, contribue finalement à accroître les inégalités sociales. Les taux de burnout et de dépression, tout comme les addictions sont les mécanismes de défense constatés aujourd’hui qui émergent lorsque l’humain ne peut plus maîtriser cette course à la performance et renonce à une forme de liberté.
Les clés de l’Etre bien
Or, la nature (et nous sommes produit de son évolution) repose sur 3 principes du vivant : la circularité (tout est cycle), la coopération (plus efficace que la compétition en période de pénurie) et la robustesse. Alors, tout comme la nature êtes vous prêt à embrasser l’inefficacité, l’hétérogénéité, la lenteur, la redondance, l’inachèvement ? C’est pourtant une des clés de notre « être bien ».
Dans ce monde BANI (fragile, anxieux, non linéaire et incompréhensible), plutôt que de chercher à tout optimiser, nous ne pouvons espérer un salut que si nous apprenons à vivre avec cette incertitude et si nous développons notre capacité d’adaptation aux changements.
Le coaching pour vous accompagner
Alors, comment passer du culte de la performance à une stratégie qui nous rendra plus robuste ? Tout d’abord, appréhender le développement personnel comme un processus d’individuation et non d’individualisme. Le coaching peut accompagner ce chemin visant à réduire la distance à soi ; il nous permet de devenir conscient de ce qui est important pour une vie qui en vaut la peine, d’accepter ses limites, de ne pas seulement glorifier l’intelligence cognitive au détriment de son intelligence émotionnelle et de bien incarner son corps. Pour devenir robuste, il faudra faire le lien entre ces éléments et ce qui contribue à la qualité de notre bien-être, de celui de notre environnement familial et social et de notre écosystème.
Cultivez l’optimisme
Concrètement ? Au lieu de chercher à contrôler chaque aspect de notre vie, accepter l’incertitude comme une opportunité de devenir qui on est; privilégier la durabilité dans tous les aspects de notre vie ; cultiver l’optimisme, compétence qui permet de garder une attitude positive dans l’adversité et de renforcer la confiance en ses capacités ; se reconnecter souvent à la nature qui est notre guide en matière de robustesse, en réapprenant à respirer ; identifier et recadrer les pensées qui nous génèrent des peurs et nous précipitent souvent dans l’échec ; s’habituer à trouver du plaisir en dehors de sa zone de confort tout en évitant l’obsession de la performance; à célébrer les progrès, à prendre le temps de se reposer, de s’ennuyer, de se resourcer en profitant de la vie. En fin de compte, la qualité de notre expérience sur terre primera, et de loin, sur la performance de ce qu’on aura accompli.
Carole Warlop
Philippe Vaneberg